Les élus de l'interco Spelunca-Liamone et les habitants montent au créneau contre une fermeture programmée pour janvier 2022
Des arguments relayés par François Colonna, président de la communauté de communes : "On nous explique gentiment qu'avec la délocalisation, ce sera beaucoup mieux, mais encore faudrait-il que ça marche, ce qui n'est pas le cas. Fermer une trésorerie n'est qu'un détail pour eux, qui engendre qui plus est 12 suppressions d'emplois, mais ils (la direction régionale des finances publiques, ndlr) n'ont pas conscience de ce qu'est le service public en général, et de l'importance de la trésorerie d'un village en particulier."
Matthieu Caillaud, secrétaire départemental du syndicat FO des finances publiques, évoque le piège qui consiste à "faire croire que les Maisons des services peuvent se substituer aux institutions telles que la CPAM, Pôle emploi, la Carsat, ou les services des impôts". "En réalité, elles n'agissent que comme une boîte aux lettres, et ne sont qu'un intermédiaire supplémentaire entre l'usager et nos services. Aucun agent d'une maison des services n'aura jamais les compétences des collègues formés et spécialisés de la trésorerie, qui sont les mieux placés pour répondre aux questions spécifiques des contribuables ", poursuit-il. Enfonçant le clou, il met en cause directement l'administration de vouloir passer en force, accusant Mme Assouline, directrice régionale des finances publiques, de ne pas respecter la parole du préfet de Corse, ni la volonté des élus locaux.
Le 1er décembre, le préfet Lelarge a en effet annoncé que la fermeture des trésoreries de Levie et Sainte-Marie Siché, prévue au 1er janvier 2021, était suspendue à la mise en place d'une commission ad hoc chargée de réfléchir à l'implantation des services de l'État dans l'île. " Le 10 décembre, en annonçant clairement que la fermeture était reportée au 1er septembre 2021, Mme Assouline s'oppose clairement à la décision du préfet, et démontre qu'elle n'entend absolument pas prendre en compte l'avis des élus, malgré la soi-disant concertation qu'elle est censée mener avec eux : reporter, ce n'est pas suspendre !
Elle a entamé un bras de fer avec un manque total de respect pour le préfet et les élus du rural", soutient le syndicaliste.
Dans toutes les réflexions, la loi Montagne revient en boucle, pour améliorer l'accessibilité et la qualité des services publics, en reconnaissant le cumul des contraintes de l'île montagne. On rappelle aussi l'engagement de l'ancienne préfète Josiane Chevalier, qui avait déjà fait part, par écrit à Gilles Simeoni, de son opposition aux projets de fermetures des trésoreries, par souci d'équilibre et de maillage territorial, et pour défendre le maintien des services publics de proximité en particulier en milieu rural.
Une réunion doit se tenir en préfecture, lundi à 12 h 30. Mais déjà, l'organisation d'un rassemblement de toutes les intercommunalités concernées devant les locaux de la DGFIP est envisagée.
" On a besoin de vous, car la direction n'a qu'une crainte, c'est vous ! " martèle Matthieu Caillaud.
Pour mémoire, le rappel du calendrier des fermetures de trésoreries programmées ou déjà effectives : 2016, Piana ; 2018, Porto-Vecchio ; 1er janvier 2021, Levie et Sainte Marie Sicché, report au 1er septembre 2021 ; 1er janvier 2022, Bonifacio et de Vico.
Fermeture des trésoreries : le bras de fer se poursuit en préfecture
Mais il lui a fallu affronter un François Colonna très remonté, qui ne décolère pas depuis l'annulation du projet d'une nouvelle Trésorerie qui devait être implantée à Sagone.
" Ce projet avait été initié à la demande du prédécesseur de madame Assouline pour recentrer géographiquement la nouvelle Trésorerie après la fermeture de celle de Piana ", précise t-il.
" La Direction Régionale des Finances Publiques faisait partie du jury lors du concours d'architecture; ils ont fait des demandes très précises sur l'agencement des bureaux dans les nouveaux locaux, et avaient même fixé un montant des loyers à payer à la commune.
En Octobre 2019, quand j'ai rencontré madame Assouline, pour lui présenter les plans définitifs, elle n'a même pas ouvert le dossier, arguant que ça ne l'intéressait pas et qu'il n'y avait eu aucun engagement de leur part ! "
Autant dire que depuis, sa confiance est devenue très limitée même si François Colonna reconnaît que du côté de la Préfecture, il ressent un soutien palpable. D'ailleurs, l'Etat a depuis financé le projet sur Sagone d'une Maison des services au public, qui sera animée par un fonctionnaire dédié, en lien avec 9 administrations mais qui ne sera opérationnelle que d'ici 18 à 24 mois.
" Attendons au moins que ce dispositif soit rôdé ", martèle François Colonna, sachant que sur le continent, le processus de fermeture des Trésoreries a déjà fait des exceptions en milieu rural.
En guise de réponse, les solutions proposées par Frédéric Leminiaux restent l'accès au serveur vocal ou à défaut, la prise de rendez-vous dans les bureaux d'Ajaccio.
Pour les élus, le dispositif est inapplicable quand on sait que 17 communes sur 33 sont en zonz blanche ( sans réseau internet ) et que le territoire est occupé par une population âgée et majoritairement sans équipement informatique.
Sans compter un accès au Parc Cunéo ( où se trouvent les services des impôts ) difficile, et dont l'usager ressort 2 fois sur 3 sans avoir obtenu de solutions.
" Ne parlez plus de dialogue ! " conclura François Colonna.
" Vous vous justifiez en arguant d'un manque de personnel, alors dans ce cas pourquoi supprimer encore des postes ! La proximité du Trésorier est essentielle, tant pour l'usager que pour les communes. Le Trésorier les soutient dans leurs comptes administratifs faits à partir des comptes de gestion, aide à la constitution du futur budget et paie les mandats des fournisseurs. Certaines petites communes n'ont même pas de secrétariat ! "
Pour l'heure, les élus proposaient un report de la décision d'ici 3 ou 4 ans, et restent vigilants dans l'attente de la réponse de la DGFIP.